La relocalisation en France ou en proche import (Europe / Maghreb / Turquie) de tout ou partie de la production permet d’avoir une plus grande proximité avec ses fournisseurs, à la fois culturelle et géographique. Il est possible de leur rendre visite régulièrement et à moindres frais, de bâtir de vraies relations de partenariat, voire de codévelopper de nouveaux produits. Un process bien plus difficile et onéreux en Asie… Aussi, relocaliser c’est réduire le nombre d’intermédiaires et pouvoir retarder au maximum la prise de décision sur le produit et les quantités à acheter. C’est aussi réduire les risques liés aux fluctuations de la demande, améliorer la transparence de la chaîne d’approvisionnement et rassurer le client final. C’est sans compter que le transport est une variable plus facilement maîtrisable.
En faisant le choix de ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier, Thomas Huriez nous montre qu’il est important de mettre en place un réseau de fournisseurs. Ici on ne parle plus de « chaîne », mais bien d’un écosystème flexible et adaptatif en fonction des besoins et des variations du marché. Cela revient, par exemple, à mettre en place des sources de production alternatives pour les produits stratégiques afin de diminuer sa dépendance vis-à-vis de certaines sources d’approvisionnement. Chaque entreprise, en fonction de ses niveaux de risque, peut alors travailler sur un rééquilibrage de ses sources d’approvisionnement ou une relocalisation totale, tout en diversifiant son marché fournisseur. Plus le système est complexe, plus il faudra s’appuyer sur des outils de pilotage et de travail collaboratifs, élargis à la sphère des fournisseurs, afin de pouvoir piloter et opérer en temps réel.
Enfin, repenser sa supply chain c’est aussi adapter les collections aux contraintes d’approvisionnement. 1083 a décidé de relever un défi de taille en choisissant le jean comme produit emblématique, car c’est l’un des produits les plus démocratisés aujourd’hui… mais aussi le plus polluant ! Le délavage laser permet de réduire considérablement l’impact environnemental, mais limite aussi la gamme de délavage, du brut à l’indigo. Un choix qui ne l’empêche pas de développer son chiffre d’affaires et sa communauté de fans, et un exemple qui nous montre que travailler dans la frugalité et sous la contrainte pousse à toujours plus innover et à s’adapter en permanence.
En faisant le choix de relocaliser sans pour autant répercuter l’augmentation du coût de la main-d’œuvre sur le prix de vente, les entreprises doivent travailler sur l’analyse de la valeur de leurs produits, et faire des choix, sans perdre en attractivité et en créativité. Bien souvent, cela passe par un travail de fond sur la matière première et sa consommation, pour éviter les gaspillages, mais aussi sur la structure des prix de vente.
Vous l’aurez compris, même si la volonté est là, la question de la relocalisation et de son coût en freine plus d’un. Pour avancer, il est donc important de bien faire la différence entre le prix d’achat et le coût d’acquisition. Car c’est bien une vision à long terme qui doit s’imposer, même si les premières solutions à trouver sont à très court terme pour assurer la reprise de l’activité tout en préservant la trésorerie.