Une étude réalisée par l’Institut Français de la Mode fin 2019 révélait que 42% des français ont acheté moins de vêtements sur l’année écoulée et que 37% des marques indiquaient vouloir réduire leurs volumes d’approvisionnements durant l’année en cours. La crise n’a fait qu’accentuer ce mouvement de fond. Plus que jamais, les marques de l’industrie textile mettent à jour leurs pratiques de collection et d’approvisionnement. Objectifs ? Parvenir à atteindre une consommation et une production plus raisonnées et répondre à une forte attente des consommateurs en ce sens.
La fin de la fast fashion
Le secteur de l’industrie textile connaît un vrai bouleversement. Et le confinement n’a fait qu’accélérer le phénomène. Face à un enjeu économique de taille, les marques en profitent pour affirmer leur désir d’adopter une démarche écoresponsable en réduisant significativement les quantités produites et en rapprochant les sites de fabrication au plus près des consommateurs finaux.
Il n’y a plus de doute, nous sommes à l’aube de la fin de l’ère de la fast fashion.
Fini la destruction d’invendus, finis les stocks à outrance, fini les mille et une collections par an.
Les modèles « classiques » sont à bout de souffle, la diminution du taux d’écoulement avant soldes, souvent inférieur à 60%, est un point d’alerte selon l’étude Kéa – Ifm de 2020. Il est temps de ré-inventer les modèles. Mais diminuer les commandes en gardant la même structure d’approvisionnement, ne résoudra pas le problème. Il est urgent de trouver des solutions plus flexibles, de réduire le « time to market » des produits et de ne plus raisonner uniquement en marge d’entrée, mais bien en rentabilité globale.
C’est ce qu’on bien compris les nouvelles marques comme les DNVB, qui font preuve de beaucoup de créativité dans les initiatives prises. En effet, déjà conscientes du tournant qui se joue sur ce marché, ces dernières priorisent une production de proximité, et même 100% française.
Un tournant à prendre
Si, dans l’industrie textile, les consommateurs ont soif de nouveautés, ils sont aussi en attente de produits plus durables. Pour les marques, cela implique d’aller vers des produits de meilleure qualité, des matières adaptées aux usages, un style intemporel : un vrai retour aux basiques.
Et si l’on s’inspire des marques déjà pionnières sur la question, des décisions sont à prendre rapidement pour retarder la décision sur les produits en fractionnant les collections notamment et en panachant collections entre long et court terme. À condition, en parallèle, d’avoir la capacité d’interagir avec le marché, de lancer des petites séries test et de (re)produire en fonction de la réaction du marché. Cette approche « Test & Repeat » repose sur une organisation interne agile et une une supply chain réactive, basée sur des partenariats fournisseurs et un engagement sur la matière.
C’est sur ce modèle que s’est développée la start’up Tekyn qui propose une technologie de facilitation de confection (préparation de kits de montage dans un tech center 100% automatisé) et un outil de gestion centralisé sur une plateforme web.
Asphalte fait partie des marques qui ont révolutionné le secteur de la mode. Avec son business model basé sur la production à la demande, Asphalte s’est fait particulièrement remarquer durant le confinement. En lançant en pré-vente un T shirt à 29€, l’entreprise a largement dépassé ses objectifs de vente : 42 000 pièces vendues pour 15 000 estimées ! La production à la demande permet d’ajuster les commandes fournisseurs à la demande réelle des clients. Le challenge est alors de rassurer le client et de lui faire accepter de patienter jusqu’à la livraison du produit.
Un changement de modèle
Ainsi vous l’aurez compris, bien plus qu’une tendance il s’agit aujourd’hui d’aller vers un profond changement des pratiques. Si le risque économique est grand pour ceux qui ne n’évolueraient pas en ce sens, il l’est davantage sur un plan environnemental. La crise que nous traversons doit ainsi représenter une opportunité pour toute marque de l’industrie textile. Il s’agit donc de s’en emparer pour, dès demain, mieux répondre aux attentes du consommateur ainsi qu’aux évolutions et aléas du marché. Pour la marque et vis-à-vis de la concurrence, c’est la promesse du développement d’un avantage compétitif significatif, une amélioration du chiffre d’affaires, du BFR et plus de rentabilité.